Cette semaine aura été très instructive pour améliorer notre niveau en escalade. Seul Mathis en avait pratiqué régulièrement en salle à Liège et à Sprimont ; seconde fois pour Clément et Evelyne.
Quand nous étions à El Chorro, en Andalousie, nous nous rendions compte que nous étions dans un gros spot d’escalade. C’est le destin qui nous a mené là et c’est là que le virus nous prend. Malheureusement ce sont les tarifs "européens" de Hanna qui nous avaient retenu d’en refaire plusieurs fois : elle a eu le temps de nous faire prendre des petites voies faciles, de nous apprendre le nœud de 8 et à savoir assurer quelqu’un. Surtout, elle nous donne l’envie d’en faire davantage.
C’est ici dans les gorges du Todra que l’occasion se représente, 20€ la demi-journée pour notre groupe de 3 personnes, c’est beaucoup plus accessible. Nous en ferons durant 3 jours avec Mimoun. Le 4ème jour, le moniteur Abdel nous offre d’aller grimper aux Petites Gorges durant la matinée ... c'était sans compter qu'il ne connait pas la "Rossignon" et que nous y sommes restés la journée complète. RDV avait été donné à 10h à son magasin, (nous avons donc fait l’école dans JP en 1h), on embarque le matos et le mono dans JP. Nous allons jusqu’à 3km après les gorges dans un bel endroit paisible le long de l’oued asséché. La roche est à l’ombre et il y fait froid jusqu’à midi, ensuite plein soleil. La route qui monte vers le nord et le futur barrage longe la roche, nous pouvons y voir des camions transportant les chèvres et les moutons en transhumance vers le désert (ici en altitude il y fait trop froid).
Abdel, notre mono, est un berbère né dans cette région du Todra, il a commencé à grimper dès son plus jeune âge en allant apporter à manger à sa mère qui travaillait dans les montagnes. C’est Mimoun, le responsable du club d’escalade, qui le repère et le forme. Il grimpait à pieds nus et sans corde. Il est tout fier de nous montrer ses résultats aux compétitions d’alpinisme. Il est très bon pédagogue et ludique avec les garçons. Pendant que l’un escalade, l'autre assure ou joue aux petites voitures. Dominique fait un peu d’étirement, de bronzette, nous regarde, marche un peu et nous prépare le repas. Clément se sent vraiment bien et fait de beaux progrès. Les 2 garçons termineront par une voie avec un beau petit dévers. Evelyne se contentera de regarder, la dernière était assez difficile pour elle (6B).
Après l’escalade, nous allons jusqu’à Tafraoutte, 18 km plus loin et 300 m plus haut. Abdel nous y accompagne et nous explique plein de choses. Il est heureux et enthousiaste de nous faire découvrir sa région. Le retour se fera au coucher du soleil et quand nous repassons à l’endroit touristique où ils font l’escalade, il y a encore les collègues de Abdel qui font monter des enfants marocains, dans l'obscurité, sous le regard attendri de leurs parents. Abdel va les aider pour assurer la sécurité. Nous patientons et c’est Clément qui montera en dernier, à la lampe frontale, pour aller rechercher le matériel, puis déposer le tout au magasin.
Ce matin, message de Mimoun qui accepte de faire une grande voie facile avec nous 3. C’était sans doute un peu ambitieux de partir avec 3 personnes semi-débutantes (plus compliqué, plus long et plus de travail). Il est assez tard, vers 11h, quand nous débutons la voie du cochon (7 relais avec 300m de dénivelé, niveau 5 à 6A). C’est Evelyne qui doit assurer Mimoun tout en donnant 3 cordes différentes, sans les emmêler. ça n’ira pas car Evelyne ne le fait pas bien et n’a pas compris que parfois il y a du mou sur une corde et que l’autre le tire vers le bas… (c’est un métier).
Mimoun redescend. Evelyne comprend son erreur alors qu’elle croyait qu’il bloquait sur un passage difficile. Mimoun décide de changer de site pour faire une voie plus dans le même axe. Nous allons près de l’arrivée de la via ferrata, une voie classique mais plus longue 360m (9 relais).
Cette fois nous recommençons la procédure et ça va mieux. Une fois Mimoun au premier relais, il s’installe pour pouvoir nous assurer tous les 3 en même temps d’en haut. C’est Evelyne qui débute la montée (le maillon faible) et Mathis le dernier (le plus expérimenté) qui récupère les dégaines au fur et à mesure de son passage. C’est nouveau pour nous et assez déstabilisant pour Clément qui est stressé car la corde n’est pas aussi tendue qu’un assurage classique « par le bas ». Une fois qu’on a monté et qu’il y a au moins 50 cm de mou, on dois crier sa couleur de corde et Mimoun la tend. Arrivés tous au premier relais, on se reprépare pour le suivant tout en séparant bien chaque corde. On passe 4 relais dont un qui a très peu d’espace. Evelyne se sent à l’aise ainsi que Mathis. Clément ne semble pas trop apprécier. Nous faisons une pause pique-nique dans un endroit sûr, vers 15h30 et réfléchissons à la suite. 2 possibilités : soit continuer, encore 5 relais, et faire la descente à pied par le chemin dans le noir avec une seule frontale (on a oublié la nôtre) ou alors nous redescendons en rappel, ce que nous choisissons en toute sécurité et pour le plus grand plaisir des garçons. Mathis, le plus léger, descend derrière Mimoun et nous chacun à notre tour. C’est nous même qui contrôlons le rappel. Clément est à l’aise. Il a déjà fait ça cet été lors d’un stage au Ford Adventure à Chaudfontaine. Pour Evelyne, c’est nouveau mais elle y arrive sans problème. La descente nous prendra 1h30 pour descendre les 200m au grand soulagement de Dominique, 10 min avant la tombée du jour. Ce fut une belle aventure même si incomplète mais surtout un apprentissage de ce qu’est une grande voie. Cette journée clôturera bien notre semaine dans les Gorges du Todra. On y reviendra peut-être…
JP = 12.055 km
Nos jambes = 859 km
Nos vélos = 375 km