C’est lorsque nous étions à Essaouira que la météo annonçait de la pluie sur la majorité nord du pays. Nous décidâmes donc de ne pas aller dans les gorges du Todra pour refaire de l’escalade mais bien de descendre vers Zagora, en proposant à nos amis alsaciens, Lucas et Elisa, de nous accompagner avec leur 4x4 Land Cruiser HD80 super équipé pour faire un raid de plusieurs jours dans le désert : ce qu’ils acceptèrent de suite (on ne les remerciera jamais assez).

On n’aurait pas cru que ce soit si difficile de nous louer un 4x4 sans chauffeur au départ de Zagora, la porte du désert. (en saison il y a plus d’une centaine de 4x4 qui sillonnent les pistes de la région). Il nous aura fallu plus de 24h pour analyser les propositions +/- sérieuses et faire notre choix sur la location de :

-       un Dacia Duster mais seulement en 2 roues motrices (le véhicule par excellence au Maroc et le plus économique) mais pas praticable pour le circuit dans les dunes prévu par Lucas.

-       un Toyota Prado 4x4 qu’il faut faire venir de Ouarzazate ou de Marrakech mais les agences ont stoppé les assurances faute de touristes.

-       un 4x4 avec chauffeur à Zagora, mais c’est moins intime.

-       un 4x4 avec chauffeur, cuisinier, bivouac sous tente berbère, mais c’est beaucoup plus cher.

Finalement, nous choisissons la location sans chauffeur du Toyota Prado (Himi, l’aubergiste du camping, nous a trouvé une agence à Ouarzazate). À force d’avoir été questionner tout le village, la plupart des habitants de Zagora étaient au courant qu’une famille Belge souhaitait un 4x4… (le fameux téléphone arabe). Pas étonnant quand on sait qu’il n’y avait que nous comme touristes dans les parages.

Ce n’est pas la solution la moins couteuse mais nous ne le regretterons pas. Mercredi midi, après réception de la voiture et chargement, nous voilà parti vers l’Est de Zagora. D’abord 50 km de route goudronnée puis le début de la piste. Première pause, repas, en toute tranquillité, sous les palmiers. Ça fait du bien après ces 24 heures de parlementassions…  C’est le désert de cailloux, le plus répandu. On s’arrête au petit village de Sidi Ali Tafraoute pour acheter un poulet entier. Lucas, nous trouve un beau spot pour camper. Tout le monde s’y met pour l’installation du bivouac. Les garçons installent leur tente, Evelyne et Dominique dormiront dans la petite tente de trek d’Elisa et Lucas (La même que celle d’Hélène, Evelyne se rappelle le périple au Mexique l’année passée). Lucas et Elisa déploient l’équipement de leur 4x4 (cuisine, frigo, table, tabourets, tente sur le toit, douche avec eau chaude, pelle, hache, scie).

Mathis et Clément aiment faire le trou pour enterrer nos déchets biodégradables et rechercher du bois pour le feu afin de cuire le souper et aussi se réchauffer en fin de soirée. C’est Elisa qui prépare le repas, pendant qu’Evelyne est au fond de son lit. Un bon gros rhume refilé par Clément. Cerise sur le gâteau : les marchmallow au dessert cuit sur les flammes du feu de bois. Nous avons tout le temps d’observer les étoiles… il y en a beaucoup.

Seconde journée.

Nous traversons des étendues à pertes de vue tout en faisant des arrêts quand nous voyons du bois sec en prévision du feu de camp du soir. A midi, pause en compagnie de plusieurs dromadaires qui se nourrissent paisiblement de quelques épineux. On prend le temps, il fait beau. Mathis fait découvrir à Elisa le jeu des Colons de Catan. En fin d’après-midi, nous nous arrêtons à Gourguir, village à l’abandon où Elisa et Lucas ont travaillé 5 jours en janvier (work away), chez Sala, pour réhabiliter l’ancienne kasba de ses ancêtres, construite en pisé. Ils ont dû construire un mur de soutainement de la terrasse et l’hôte leur a appris à cuisiner les plats berbères (tajine, pain, pizza berbère). Nous arrivons avec les ingrédients pour faire le tajine, Sala nous offre le thé « de bienvenue ». La soirée se passe autour du feu de bois et Sala nous explique qu’il n’y a ni l’eau courante ni puit dans le village et qu’ils dépendent de l’ouverture du barrage de Ouarzazate, à 200 km plus au nord, qui ne relâche ses eaux que tous les 4 mois, et qu’ils doivent faire vite pour remplir leurs citernes (anecdote : il faut une semaine pour que l’eau parcoure les 200 km). De source sûre, ce barrage a été construit faisant suite à l’exode rural des villageois vers les grandes villes, l’augmentation du nombre d’habitant y a provoqué une pénurie d’eau, mais maintenant ce sont les villages en aval qui en manquent puisque l’eau est conservée derrière le barrage. Nous logerons très confortablement dans la kasba sur de fins matelas posés à même le sol. Il y a aussi Gabrielle, de Hong Kong, qui est venue travailler pour une durée de 1 mois.

Troisième journée

Nous quittons Sala après avoir visité les habitations de l’ancien village à 90% détruites par les intempéries (le pisé en terre ne résiste pas longtemps aux pluies … même s’il ne pleut que 3 ou 4 fois par an). Nous achetons quelques victuailles à M’Hamid et nous prenons des nouvelles de nos proches avant de nous enfoncer dans le désert et de perdre le réseau. Evelyne se souviendra de son achat négocié en plein désert. Et c’est ici que la vraie aventure commence pour le 4x4, il va falloir qu’il nous sorte toutes ses tripes pour affronter la piste sablonneuse durant 50 km jusqu’aux pieds des dunes de Erg Chigaga. Lucas prévient que nous allons dégonfler légèrement les pneus des 4x4 pour encore mieux arpenter les dunes : tout le monde est aux anges, et aux cris, quand nous commençons à monter et descendre sur les dunes avec les véhicules et parfois presqu’à la verticale !

Conclusions :

Le désert est magnifique « il se vit et ne se raconte pas » (dicton berbère).

Clément et Mathis sont aux anges quand ils conduisent le 4x4.

Lucas et Elisa sont formidables, nous les apprécions au même titre que nos amis. Nous savons que nos routes se recroiseront.